*Source : http://maison.lapresse.ca/decoration/mobilier/201210/11/01-4582363-ou-faire-ses-devoirs.php
Où faire ses devoirs?
- Mélanie Roy, collaboration spécialeLa Presse
Il n'y a pas d'avis unanime, pas de solution miracle transposable d'une famille à l'autre. Afin d'aménager l'endroit idéal pour les travaux scolaires à la maison, il faut tenir compte de l'âge et, surtout, du tempérament de l'enfant. Est-il autonome? Calme? Facilement distrait?
«Certains enfants ont plus de difficulté à supporter le silence et arrivent à mieux se concentrer lorsqu'ils travaillent avec un bruit de fond. Les isoler n'est pas toujours le meilleur choix», estime Julie Côté, psychologue en milieu scolaire. Elle tire la même conclusion pour les enfants qui ont davantage besoin de supervision et qui peinent à garder le cap sur leurs devoirs lorsqu'ils sont laissés à eux-mêmes.
Selon Mme Côté, le choix du lieu importe peu. Il faut toutefois favoriser un endroit calme, où seront réunies certaines conditions visant à faciliter la concentration. Par exemple, elle conseille de garder le matériel à portée de main afin de minimiser les déplacements, les va-et-vient inutiles, une fois que l'enfant est installé. Si l'enfant n'a pas de coin bureau à lui tout seul (un luxe!) pour entreposer le nécessaire, on peut éviter l'éparpillement en gardant les dictionnaires, crayons ou calculatrice dans une boîte ou un panier qu'il pourra facilement transporter d'une pièce à l'autre.
Marie-Claire Daneault, enseignante au primaire à la Commission scolaire de Montréal, corrobore les propos de Julie Côté. Lorsqu'elle rencontre les parents, au mois de septembre, elle évite de prodiguer des conseils trop fermes pour éviter d'accroître inutilement la pression qu'ils subissent déjà. Elle connaît bien l'écart qui peut se creuser entre la théorie et la pratique. «Dans l'idéal, tous les enfants termineraient leurs devoirs dans un espace bien délimité, strictement consacré à l'étude. Dans la réalité, il en va autrement: les chambres sont souvent partagées, sinon surchargées, exiguës, exemptes de fenêtres...» Idéalement, les conditions à la maison reproduiraient plus ou moins celles d'une salle de classe: bureau dégagé et bien éclairé, lieu propice à la concentration, chaise confortable et dossier bien ajusté, outils à portée de main.
Un «coin» de table
Mais même le plus beau bureau peut devenir trop encombré ou être délaissé par les plus petits, qui cherchent à se rapprocher de leurs parents. D'où la tendance de l'enfant à élire domicile... sur la table de la cuisine. Que pensent nos deux professionnelles de cette habitude?
«Il n'y a pas, a priori, de contre-indication à ce sujet, explique Julie Côté. Or, ce sont des pièces centrales de la maison, dans lesquelles on circule beaucoup, souvent à aire ouverte et à proximité de la télévision. Le danger, ce sont les distractions qui guettent l'enfant. Mais si l'environnement est calme, la table vide, libérée d'objets, il n'y a pas d'inconvénient.» Et lorsque les parents exercent une surveillance, l'enfant s'applique parfois davantage...
«Les risques de distractions sont aussi importants dans la chambre, donc à l'écart, mais où l'enfant est entouré par ses jouets et son ordinateur, qu'autour de la table de la cuisine», reconnaît Marie-Claire Daneault. Elle remarque que la progression des élèves est davantage liée à l'intégration d'une routine de devoirs à la maison et à l'implication des parents dans l'apprentissage qu'au contexte physique dans lequel tout cela s'effectue.
«Le problème est dans l'expression faire ses devoirs sur le coin de la table», nuance Julie Côté. On imagine ce coin-là encombré, les frères et soeurs qui s'agitent, la télévision allumée. En fait, je préciserais: il n'est pas essentiel que l'enfant ait son espace personnel, qui démarque bien le temps des devoirs de celui des autres occupations quotidiennes. Mais il faut que l'espace qu'il choisit d'occuper, à ce moment-là précisément, revête cette fonction.»